Opérations Eged et Har Ga’ash

Ariel Sharon et Moshé Dayan devant une parie du butin après l’opération Eged à Kuntilla, les 28 et 29 octobre 1955

Pour l’heure il ne s’agit que démener des opérations qui gagnent en importance mais qui restent des raids de représailles. Il ne se passe pas une semaine depuis l’entretien à l’hôtel de Jérusalem avant que Tsahal ne lance deux raids importants. Le 26 octobre 1955, une unité égyptienne attaque quelques soldats en faction à Be’erotayim situé sur flanc non défendu de Nitsana. Un soldat est tué et deux autres sont fait prisonniers. Il s’agit d’une réaction de solidarité des égyptiens à l’égard des syriens avec lesquels ils viennent de conclure une alliance militaire. Quelques jours auparavant, des soldats de Tsahal ont kidnappé un groupe de soldats syriens comme monnaie d’échange pour faciliter le retour de soldats israéliens retenus en captivité en Syrie mais les syriens refusent de les libérer. Nasser démontre sa détermination à répondre aussi aux attaques de Tsahal contre son allié syrien. En réaction à l’attaque égyptienne contre Nitsana, les parachutistes commandés par Arik Sharon attaquent une position égyptienne à Kuntilla, à 20 km à l’intérieur du Sinaï. 10 soldats égyptiens sont tués et 29 autres capturés, auquel s’ajoute un important butin d’armes prises sur le terrain. Mais la réponse attendue des égyptiens ne se produit pas. Le 2 novembre, le jour où Ben Gourion présente son nouveau gouvernement à la Knesset, Tsahal attaque avec de gros moyens des positions égyptiennes à Sab’ha à la hauteur de Nitsana, précisément à l’endroit où des éléments égyptiens ont pénétré de plusieurs centaines de mètres à l’intérieur du territoire israélien.

La position Lili, l’une des cibles de l »opération Volcan (Har Ga’ash) du 2 novembre 1955.

C’est l’engagement le plus important mené par Israël depuis la guerre d’indépendance. Une brigade entière est mobilisée pour l’opération. Elle prend d’assaut des positions en territoire ennemi, tue 50 soldats égyptiens et en capture 50 autres. Le matériel récupéré inclut des canons et des véhicules. Dayan espère que les égyptiens vont répliquer avec toute la puissance possible et il demande à Ben Gourion de pourvoir entamer le retrait des troupes que le lendemain matin et non avant l’aube comme cela est pratiqué habituellement lors des raids de représailles.

Ben Gourion reste prudent par rapport à tout geste qui pourrait être interprété comme de l’agressivité injustifiée de la part d’Israël. Il surprend donc Dayan en lui ordonnant le retrait immédiat des troupes. Le matin venu, comme prévu, les égyptiens lancent une contre-offensive sur les positions occupées la veille mais ils les trouvent vides. Les autorités égyptiennes n’hésitent pas à présenter leur opération comme un victoire et annoncent par l’intermédiaire des média que plus de 200 soldats israéliens ont été tués lors des combats. En réalité six soldats de Tsahal ont perdu la vie mais uniquement pendant la première phase de l’opération et non pendant la contre-attaque. La propagande égyptienne évite à Nasser de devoir répliquer à l’opération et cette fois encore l’emballement attendu ne survient pas. Dayan passe la nuit dans le poste de commandement d’Arik Sharon et s’entretient avec les soldats qui rentrent à l’aube du champ de bataille. Le lendemain il revient pour participer au débriefing organisé par Sharon avec les commandants de l’opération.

Pour cette opération, Dayan a insisté que soient associés des combattants issus d’autres brigades, même si son commandement est confié au commandant des parachutistes. L’une des positions a été conquise par un bataillon de la brigade Golani, appuyé par une compagnie du Na’hal. A cette époque, plus de 80% des soldats de la brigade Golani sont des nouveaux immigrants, en majorité originaires de pays orientaux et arrivés dans le pays au cours des trois dernières années. Lors de ses rencontres avec les commandants de l’opération, Ben Gourion est réconforté par les informations qu’il obtient. En effet il craignait que les nouveaux immigrants ne soient pas à la hauteur des attentes de l’armée comme le furent les natifs lors de la guerre d’indépendance. Sur le chemin du retour, il revient sur l’histoire de l’armée d’Hannibal qui n’était constituée que de « racailles issues de tribus africaines qui réalisèrent en réalité de grandes choses, une armée qui ne connut aucune révolte. Elle traversa les Alpes et fit face à la meilleure armée du monde, l’armée romaine qui était deux fois plus nombreuse, et la vainquit. » Dayan est peu front de ces rappels historiques; il est trop lié la réalité du temps et des lieux.

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