Une légende est née

Le 82ème bataillon de chars de Tsahal après la prise de l’aéroport de Lod

C’est ainsi que débute l’un des combats miraculeux de la guerre d’indépendance d’Israël. Malgré les critiques entendues sur le risque excessif pris par Dayan et ses hommes, des générations de soldats de Tsahal ont appris cette histoire héroïque. Peu de temps après la fin des combats, Dayan en publiera les détails dans « Ma’arakhot », la revue mensuelle des officiers de Tsahal. Le secret du succès résidait essentiellement dans la puissance de feu utilisée et dans la vitesse de déplacement. A propos du court briefing à ses hommes avant leur départ pour le combat, Dayan dira :

« Arrivés au contact de l’ennemi, il faut se déployer sur les côtés, contourner et prendre de flanc les positions ennemies malgré les tirs. De cette façon, non seulement on utilise durant le combat toute notre puissance de feu, mais on diminue aussi le risque d’être touché. le mouvement doit être réalisé rapidement. C’est la vélocité qui stupéfie l’ennemi. »

En 47 minutes, le bataillon de Dayan pénètre et brise les défenses de Lod, traverse la ville, arrive jusqu’aux abords de Ramleh au sud de Lod, puis revient en essuyant un feu nourri provenant de deux bâtiments de police fortifiés et occupés par des soldats de la Légion arabe. A chaque fois que le convoi stoppe pour une raison quelconque, Dayan descend de son véhicule, continue à pied pour comprendre la cause de l’arrêt et presse les unités de tête de reprendre l’avancée. « ma voix était enrouée et on ne m’entendait plus » racontera-t-il. Neuf de ses soldats sont tués et 17 autres blessés pendant l’attaque. Tous les véhicules sont touchés et certains, dont l’automitrailleuse de Dayan, doivent être remorquées ou poussées tout le long du chemin.. les automitrailleuses sont atteintes par des grenades envoyées depuis les maisons qui bordent la route. La puissance de la réplique des jeeps et des automitrailleuses provoque la stupéfaction et la panique dans la ville. Quand Dayan et ses soldats entament le chemin du retour vers le nord après l’enfer, ils aperçoivent les combattants du Palma’h qui pénètrent rapidement dans la ville afin de s’en rendre maître.

Il ne fait aucun doute que le raid osé de Dayan et de ses hommes sur Lod fragilisé la défense de la ville et a facilité le travail des unités régulières lors de la prise de la ville. Mais le prix est lourd. Dayan se souvient de l’image de son bataillon lors du retour à sa base : « Les récits et les descriptions des derniers combats semblaient enthousiasmants mais la vision du bataillon ou du moins de ce qu’il en restait l’était beaucoup moins. » Comme tous les commandants de bataillons de Tsahal du temps de la guerre, Dayan ne possède aucune expérience ou une formation avancée de l’organisation d’unités importantes sur le champ de bataille. Il agit selon ce que lui dicte son instinct et son tempérament. On peut supposer que s’il avait possédé une expérience militaire professionnelle, il ne se serait pas mis en danger et il n’aurait pas foncé au coeur du dispositif ennemi sans appui et sans préparation rigoureuse. Il n’y avait aucune sophistication professionnelle dans ce qu’il a fait et il est passé à deux doigts de la catastrophe. En fin de compte, seule la victoire compte. L’instinct et l’audace de Dayan lui apportent la réussite et la gloire.

Ruth revient de Rome par avis et à sa grande surprise elle atterrit sur l’aéroport internationale de Lod qui vient d’être conquis et remis en service immédiatement. Elle ignore que pendant ce temps son mari se trouve au coeur de l’enfer. Elle ne le retrouvera que le soir quand il revient à la maison pour un petit moment afin de se doucher et de se profiter d’un repos de courte durée. C’est seulement alors que Ruth comprend quels dangers son mari a traversé pendant la journée.

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