Nouvelle intervention chirurgicale

Ruth accompagne son mari en Suisse car ils souhaitent profiter de l’occasion pour tenter une nouvelle intervention à son œil. Un célèbre médecin parisien accepte de tenter une transplantation osseuse. Ses parents, Dvora et Shmuel, délégués au congrès sioniste sont présents à Bâle. Son frère Zohar qui s’est engagé  dans la brigade juive créée dans le cadre de l’armée britannique à la fin de la guerre se trouve alors en Europe avec son unité et il rejoint sa famille pour quelques heures.

Moshé et Ruth quittent Bâle pour Paris mais l’opération ne se déroule pas bien car il s’avère impossible de poser un œil artificiel. Moshé est forcé de rester allongé durant un mois à l’hôpital en compagnie de Ruth et de religieuses catholiques qui li servent d’infirmières. Ruth témoigne avec humour sur l’ambiance :

Pendant quatre journées suivant l’opération, Moshé resta couché avec une forte température et sans rien pouvoir avaler. Je restais à son chevet jour et nuit, assise sur une chaise dure et dans une pièce froide, sans chauffage. Quand il commença à se rétablir, Moshé devint irrité et agité. Il refusa de me laisser m’éloigner de lui. « Que ferais-je avec toutes ses bonnes sœurs ? En en plus je ne parle pas francais. » se lamentait-il. Il quitta Paris avec son bandeau noir qui le tourmentait tant.

Dans ses mémoires il écrira :  » J’étais prêt à tous les efforts et à toutes les souffrances pour être libéré de ce bandeau noir. J’attirais l’attention à cause de lui. Cela m’était très pesant et m’oppressait beaucoup. Je préférais m’enfermer à la maison pour ne pas attirer les regards de tous. Il est difficile de comprendre à quel point c’était désagréable et inconfortable de devoir sans cesse supporter les chuchotements et les regards curieux. Je voulais pouvoir me promener en ville, m’assoir à un café., dans un cinéma comme tout le monde.  » Ce bandeau le tourmentera toute sa vie tout en devenant plus tard un symbole respecté.

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