Divergence idéologique

Fondateurs Degania A en 1918. Shmuel à droite
Fondateurs Degania A en 1918. Shmuel à droite

Shmuel Dayan est un ouvrier appliqué et après trois années de travail il devient un agriculteur habile et expert. Mais il a aussi des prétentions idéologiques et politiques. Il sait s’accrocher à une idée sans être déstabilisé; il peut parler longuement et prononcer des discours enflammés sur l’avenir du sionisme et sur la conduite de l’installation des juifs en Eretz-Israël, aussi aisément qu’il se tient armé sur son cheval pour garder les champs que l’on laboure et ensemence.

Rapidement apparaît une divergence d’opinions au sein de la petite kvoutza. Shmuel Dayan estime que le rôle des pionniers n’est pas de fonder chacun une maison tranquille et prospère, mais de créer de nouveaux noyaux d’implantations agricoles. Apres une période de fondation sur un lieu d’installation, Shmuel prêche qu’ils devraient se déplacer plus loin et paver la route a d’autres établissements. La majorité des membres de la kvoutza considéraient que le temps était venu de se fixer et de fonder un foyer.

Un différent encore plus véhément s’engage autour de la question de l’organisation de la vie collective du village. Les fondateurs du Kvoutza croyaient à une idée fondamentale du kibboutz : le collectivisme complet et l’égalité absolue. Ils voulaient fonder une communauté dans laquelle les membres seraient associés dans tous les aspects de la vie : la propriété des biens, la satisfaction des besoins, la vie culturelle et même l’éducation. Tous seraient égaux entre eux et le kibboutz remplacerait la famille. La famille privée serait une question secondaire.

Shmuel et quelques autres membres croyaient aussi à la copropriété du sol et des moyens de production, mais la communauté devait reposer sur la cellule familiale. Chaque membre serait libre de développer son exploitation familiale selon sa volonté et son habilité. Seuls la vente de la production et la gestion des engins agricoles, trop onéreux pour être acquis par une famille, seraient de la responsabilité de la collectivité.

Face à l’idée du kibboutz, Shmuel et ses camarades mettent en avant l’idée du moshav des travailleurs, basé sur les exploitations familiales séparées, qui laisse une place à la vie personnelles et aux initiatives privées; coopérative et non collectivisme. Il s’avérera plus tard que le moshav est la forme d’exploitation préférée pour des centaines de milliers d’immigrants qui arriveront en Eretz-Israêl avant la fondation de l’Etat. Le mouvement des moshavim s’étendra et comptera des centaines de villages. Mais dans ces premières années le kibboutz était au centre des attentions et la compétition entre deux formes d’organisation devint le foyer d’une polémique ardente au sein du mouvement pionnier. Elle débuta dans la cour de Dégania.

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